Chroniques de Prydain - 02 - Le Chaudron Noir by Alexander Lloyd

Auteur:Alexander, Lloyd [Alexander, Lloyd]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

11.

La maisonnette

Taran fit volte-face et leva son épée. Mais soudain, un serpent à la peau froide se tortilla dans sa main en sifflant, prêt à mordre. Avec un cri d’horreur, il le jeta au loin. Le serpent tomba sur le sol et l’épée de Taran reparut à sa place. Eilonwy étouffa un cri. Épouvanté, Taran recula d’un pas.

Devant lui se tenait une petite femme plutôt replète au visage rond, parsemé de verrues, et aux yeux noirs et perçants. Ses cheveux pendaient comme des touffes d’herbes décolorées attachées par des plantes grimpantes et ornées d’épingles ouvragées qui semblaient devoir se perdre dans cet enchevêtrement impossible à démêler. Elle portait une robe sombre, informe et sans ceinture, rapiécée et couverte de taches. Ses pieds étaient nus et d’une taille exceptionnelle.

Les compagnons se rapprochèrent les uns des autres. Gurgi, agité de tremblements violents, s’accroupit derrière Taran. Le barde, pâle et mal à l’aise, se prépara néanmoins à se défendre.

«Allons, venez, mes canetons, dit la sorcière d’un ton joyeux, je vous promets que vous n’avez rien à craindre. Vous pouvez emporter votre épée si vous le désirez, ajouta-t-elle en adressant à Taran un sourire indulgent, bien que vous n’en ayez pas besoin. Je n’ai jamais vu de crapaud avec une épée. Je n’ai d’ailleurs jamais vu non plus d’épée avec un crapaud ; aussi, faites donc comme il vous plaira.

— Ce qui nous plaît, c’est de rester tels que nous sommes, s’écria Eilonwy, n’imaginez pas que nous allons laisser quiconque...

— Qui êtes-vous ? coupa Taran, nous ne vous avons rien fait, vous n’avez aucune raison de nous menacer.

— Combien y a-t-il de brindilles dans un nid d’oiseau ? demanda soudain la sorcière, répondez vite. Vous voyez, pauvres poussins, vous ne savez même pas cela. Comment pourriez-vous dans ce cas savoir ce que vous voulez vraiment dans la vie ?

— Il y a une chose que je suis sûre de vouloir, répliqua Eilonwy, c’est de ne pas être transformée en crapaud.

— Vous êtes une jolie petite canette, dit la sorcière d’une voix aimable et cajoleuse, voudriez-vous me donner vos cheveux quand vous n’en aurez plus besoin ? J’ai tellement d’ennuis avec les miens, ces temps-ci. Avez-vous déjà eu l’impression que des choses s’y perdent et que vous ne les retrouverez peut-être plus jamais ? Mais peu importe, poursuivit-elle, vous aimerez beaucoup votre vie de crapauds, vous verrez, vous pourrez sauter de-ci de-là, ou vous asseoir dans des fauteuils crapauds — non, peut-être pas. Les fauteuils crapauds ne sont pas faits pour les crapauds. Mais vous pourriez danser dans des cercles de rosée. Quelle charmante idée ! Allons, n’ayez pas peur, chuchota-t-elle à l’oreille de Taran, vous n’imaginez tout de même pas que je ferais tout ce que je dis ? Bonté divine, il ne me viendrait jamais à l’esprit de vous piétiner. Je ne pourrais pas supporter de marcher dans une telle bouillie. »

Avec une terreur croissante, Taran cherchait désespérément un moyen de sauver ses compagnons. Il aurait considéré les menaces de cette créature échevelée

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